Freud a été un des premiers à écouter les femmes en souffrance, enfermées dans leur névrose. Jusqu’alors, elles n’étaient pas entendues, réduites au silence. Il a été le premier à reconnaitre que les femmes éprouvaient des désirs sexuels et que le fait de réprouver ses désirs pouvaient les rendre hystériques.
Pourtant, malgré cette grande proximité avec les femmes, Freud a toujours marqué des hésitations sur le sujet de la féminité.
Ainsi en 1923, il décrit de cette manière le développement psychosexuel de la petite fille : « Ici, notre matériel devient – d’une façon incompréhensible- beaucoup plus obscur et lacunaire »[1].
Et de poursuivre « Notre intelligence des processus de développement chez la fille est peu satisfaisante, pleine de lacunes et d’ombres »[2] .
Freud définit le mystère de la sexualité féminine sous la forme « d’un continent noir ».
Ainsi Freud, en employant cette métaphore d’un explorateur en quête de ce continent mystérieux, aurait-il voulu qualifier ses connaissances sur la sexualité de la femme tout aussi mystérieuses, énigmatiques. Il suggérait également qu’il restait encore beaucoup à explorer.
Il soulignait avec beaucoup d’humilité le caractère non complètement achevé des découvertes alors accomplies sur le sujet. « Voilà tout ce que j’ai à vous dire sur la féminité. C’est certes incomplet et fragmentaire, ça ne parait pas toujours aimable non plus »[3] .
Aussi bien sa démarche alterne entre déterminations, affirmations et interrogations. Son interprétation de la sexualité féminine a été le point de départ de nombreuses études et ce jusqu’à nos jours. Freud était certes un homme de son temps, mais cependant, il avait des idées contraires aux tendances patriarcales de cette époque victorienne. Il a assurément fait preuve de beaucoup de constance dans sa théorie sur la sexualité féminine, mais en même temps il a laissé la porte ouverte aux débats.
En 1933, Freud conclut ainsi dans un de ses derniers travaux sur la féminité extrait de Les nouvelles conférences d’introduction à la psychanalyse :
« Si vous voulez en savoir plus sur la féminité, interrogez vos propres expériences de vie, adressez-vous aux poètes ou attendez que la science puisse vous fournir des renseignements plus profonds et plus cohérents »[4], une sorte d’injonction à poursuivre la recherche, à continuer l’exploration de cette sexualité en y apportant d’autres éclairages.
[1] FREUD Sigmund, La vie sexuelle, 1969, Paris : PUF, page 121
[2] Ibidem, page 122
[3]FREUD Sigmund, La féminité, 2016, Barcelone : Petite Biblio Payot & Rivages, page 182
[4] Ibidem, page 182
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